Le monde est constitué de tant de choses belles et étranges : coquelicots, kiwi, insectes, marbres, réséda, feuilles de cannabis, fougères… Depuis l’invention de la photographie, avec ou sans appareil, parfois juste avec du papier sensible, les photographes donnent corps à cette beauté. Certains se contentent même juste d’enregistrer la lumière et ses rayons de couleurs, un univers merveilleux en soi. La dense exposition «l’Epreuve de la matière», conçue par Héloïse Conésa, cheffe du service de la photographie à la BNF, témoigne des innombrables expérimentations pour donner une matérialité aux reflets du monde.
Amas de tissu
Avec près de 200 photographes, le parcours dévoile un flot d’images intrigantes. On joue alors aux devinettes. Qu’est-ce donc que cette surface luisante balafrée par un trait vert ? Une peau de poulet avec, au premier plan, une tige de légume (Compost d’Ann Mandelbaum). Et ces matières brillantes rose fuchsia, un organe à vif ? C’est un amas de tissu, de colle et de vernis (Red Fluid de Noelle Hoeppe). Souvent, la lecture du cartel avec le titre, la légende et le procédé permet de comprendre l’œuvre. Sur ce grand tirage noir et blanc, par exemple, ce qui a l’air d’une plante aquatique, est un insecte photographié par un microscope électronique (Yves Trémorin).
Plus loin, ces reliefs roses ne sont qu’une cuvette de WC (Ann Mandelbaum). Et cette goutte, posée sur le flanc, telle une pierre précieuse, est une feuille de papier, habilement photographiée par Wo