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A la Fondation Cartier-Bresson, Alessandra Sanguinetti dans une expo d’or et d’Argentine

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Depuis deux décennies, la photographe américaine documente la vie de deux cousines inventives ayant grandi dans la campagne au sud de Buenos Aires. Une chronique intimiste et délicate, exposée à la Fondation Henri Cartier-Bresson.
«Le Lit de Juana» (2004). (Alessandra Sanguinetti /Magnum Photos)
publié le 10 février 2024 à 11h11

On pourrait très bien vous dire que tout ce que l’on va raconter ici n’est qu’une autre histoire d’images, une leçon de photographie. Ce serait déjà bien mais ce serait aussi vous mentir puisque c’est avant toute chose une histoire d’amitié. Une leçon de vie. A l’horizon de celle-ci, deux petits points dans la cambrousse argentine à côté desquels il aurait été dommage de passer, deux petites filles de 5 ans jouant à cavaler sur l’intensité verte de l’herbe et se mariant au déploiement bleu du ciel. Deux cousines que rien ni personne n’aurait pensé à immortaliser, magnifier, en ces terres viriles de gauchos et de fermiers peuplant les représentations habituelles et dominantes, si ce n’est l’Américaine Alessandra Sanguinetti.

Nous sommes au milieu des années 90, la photographe née en 1968 à New York (et qui habite désormais entre San Francisco et Buenos Aires) est dans sa vingtaine lorsqu’elle s’intéresse à l’époque aux animaux d’élevage, qu’elle entreprend de photographier. Sa famille est propriétaire d’une ferme au sud de Buenos Aires, Alessandra Sanguinetti suit des études en anthropologie. Elle se met à hauteur de poules, chevaux, cochons afin de les saisir dans leurs instants de vie mais aussi sur le chemin inévitable de leur mort (le très beau et perturbant On the Sixth Day, ouvrage publié en 2005). Pendant ce temps-là, les deux fillettes, Guillermin