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A Lille, la «Chambre 207» de Jean-Michel André devenue pièce à convictions

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A travers un livre et une expo vibrants, le photographe Jean-Michel André compose autour d’un carnage dont fut notamment victime son père, en  1983 à Avignon. Façon pour lui d’exorciser un traumatisme d’enfance.
Pour dilater son récit, Jean-Michel André a exhumé des archives, comme une dépêche de l’AFP. (Jean-Michel André)
publié le 11 octobre 2024 à 17h30

Les présentations à peine faites, le photographe Jean-Michel André n’attend pas la moindre question pour commencer à parler. Longtemps. En d’autres circonstances, l’attitude paraîtrait saugrenue, sinon discourtoise, là où elle n’exprime ici que le besoin impérieux de (se) raconter. De libérer une parole si durablement tue et, ce faisant, de débonder un trop-plein de souvenirs et d’émotions autour d’un drame paroxystique désormais converti en faire-part de renaissance artistique.

Ainsi remonte à la surface une tragédie hors-norme, à la faveur de Chambre 207, un livre et une exposition à Lille qui triturent les exigences de la chronique judiciaire, pour gagner la berge sensible d’un récit intime, à la fois détaillé et allusif, précis et élusif. Vibrant de résilience aussi, quand, quarante et un an plus tard, le fils anéanti entreprend d’éclairer les ténèbres d’un jour nouveau.

Monstrueuse bavure

Retour en 1983, dans la nuit du 4 au 5 août, lorsque quatre employés et trois clients de l’hôtel Sofitel «la Balance» d’Avignon, proche du palais des Papes, sont assassinés dans un déchaînement de violence. Vite alertés, des gardiens de la paix parviennent à interpeller un type qui prenait la fuite, un pistolet Luger à la main. Mais qui a réellement fait quoi ? Et pour quel mobile ? Une année d’instruction, lestée par un millier de procès-verbaux, ne permettra pas de lever toutes les zones d’ombre, malgré la mise en cause définitive de quatre malfaiteurs : le cerveau présumé, repris de justice local