Sauf à y travailler, ou y résider naturellement, les motifs de se rendre à Corbeil-Essonnes n’abondent pas. Pourtant, la commune francilienne aspire légitimement à faire parler d’elle pour d’autres motifs que la chronique violente des cités avoisinantes, ou le souvenir amer de dérives politiciennes (corruption, achat de votes…) qui, par élus déchus interposés, jetèrent l’opprobre sur le territoire. Ainsi, le festival l’Œil urbain a été créé, puis a grandi, «en résistance», dans le cloaque du «système Dassault», aujourd’hui démantelé. Désormais rasséréné, puisque proche de la nouvelle municipalité (de gauche), l’événement n’a cependant jamais rectifié une feuille de route pensée autour de la notion d’«engagement, conditionné par la soif de comprendre le monde».
Destruction de la jungle
Dédié à la photo documentaire connectée aux problématiques sociales, l’Œil urbain vaut donc le détour, à l’heure commémorative d’une dixième récolte qui, disséminée sur 12 sites (dont l’imposante commanderie Saint-Jean, un prieuré édifié par l’ordre de Malte au XIIIe siècle), comprend 13 expositions. Parmi les têtes de série, dont les travaux présentés ont déjà beaucoup circulé, on pourra s’arrêter une nouvelle fois sur l’extrême dignité avec laquelle l’Américaine Anne Rearick aborde (en noir et blanc) les habitants des townships du Cap. Ou, dans la région du