C’est une curieuse sonorité, brève, sèche et récurrente, que l’on entend, au seuil de l’exposition parisienne «A partir d’elle», qui quadrille les deux niveaux du BAL, une bonne partie de l’automne et de l’hiver. Gageons que, les yeux bandés, il ne serait pas si évident que cela d’identifier ce bruit, d’autant plus insolite dans un espace culturel. Mais, puisque le propos tourne autour de la photo, de la vidéo et du texte, on a tôt fait de regarder alentour pour identifier le «gimmick». A savoir, à intervalles réguliers, filmée en plan fixe dans le décor bourgeois d’un salon ou d’un bureau (un abat-jour, une bibliothèque garnie d’ouvrages en arrière-plan), une succession de crachats que lance une femme en direction d’un homme. D’une durée variant entre dix et vingt minutes, trois vidéos, sur autant d’écrans, reproduisent la même scène, que jouent les deux mêmes protagonistes dont les traits, cependant, évoluent, puisque cinq années séparent chaque film. Il s’agit donc bien d’une sorte de rituel complice, sous une forme d’exutoire sadomasochiste, entre celui, à gauche, qui fait front en tâchant de demeurer impassible, alors que ses vêtements et son visage se couvrent d’opprobre salivaire, et celle, à droite, regard plutôt dur, dédaigneux et agacé, qui tourne la tête pour balancer des glaviots sans autre forme de procès.
Histoire sans paroles entamée en 2010, la série «Me and My Mother», engendrée par Ragnar Kjartansson alors qu’il était encore étudiant, est représentative de l