Créé en 1989, le festival Visa pour l’image demeure le rendez-vous mondial le plus fameux dédié au photojournalisme, avec un public fidèle et des professionnels qui affluent d’un peu partout à Perpignan. Là où, programmé cette année du 2 au 17 septembre, il est né et continue d’exister. Immuable dans son agencement, celui-ci comporte un volet «corporate» mêlant conférences, rencontres, tables rondes et lectures de portfolio. Mais c’est la partie émergée qui fait se déplacer les foules – d’autant que le principe de gratuité a toujours prévalu – avec une bonne vingtaine d’expositions réparties dans divers lieux patrimoniaux de la ville (Couvent des minimes, église des Dominicains…). Ainsi que, durant la semaine d’ouverture, six soirées de projections, en plein air, dans le cadre époustouflant du Campo Santo (un immense cimetière du Moyen Age au pied d’un cloître), qui retracent les événements marquants des mois écoulés et offrent des «points de vue sur les faits de société, les conflits, ou les différents constats de l’état du monde».
Or, rétrospectivement, celle du 5 septembre pose question. Du moins aux yeux d’un des photographes, l’Espagnol Jordi Borràs, dont le sujet avait été retenu ce soir-là. Titré Toutes les couleurs du noir, l’extrême droite au XXIe siècle, celui-ci était consacré à l’essor de la mouvance en Europe : Italie, Hongrie, Suède, Slovénie… et France. Sauf que, une fois monté par l’équipe du festival, le reportage s’est trouvé expurgé de trois i