En apprenant l’existence aux Rencontres de la photographie d’Arles d’une exposition dédiée aux ama, ces «femmes de la mer» japonaises qui depuis des siècles s’adonnent à la pêche aux ormeaux et autres créatures aquatiques dans l’archipel, on se laissait envahir par des rêveries sensuelles de plongeuses-sirènes, poitrine apparente et cheveux aux flots, s’enfonçant en apnée dans les abysses pour ramener des myriades de perles. Conte issu d’un fantasme collectif ou réalité ? Dès le seuil de l’exposition «Ama», à l’abbaye de Montmajour, une vision légèrement différente s’impose à travers les incroyables photographies en noir et blanc, aux contrastes marqués, expressives, du Japonais Uraguchi Kusukazu. S’y découvre la réalité d’un métier qui s’apprend dès la pré-adolescence et s’exerce parfois jusqu’à l’âge fou de 80 ans : des plongeuses dotées d’une tenue complète jusqu’à la tête, chemisier boutonné et tissu rabattu en jupe autour de la taille, d’un blanc jurant avec l’obscurité charbonneuse des fonds aquatiques et des champs d’algues tentaculaires. Ici sur le mur, cette image d’une ama frappée par une vague dont elle ressort victorieuse. Là encore, une autre vue de dos qui porte sur son épaule les algues immenses qu’elle vient de collecter, semblables à du cuir déchiqueté.
Un pacte de confiance
«J’avais le pressentiment