L’état de déréalisation totale après le premier tour des législatives est déjà bien présent en nous tandis que nous arrivons en ces premiers jours de juillet sur le seuil de «Citoyens modèles» de l’Américaine Debi Cornwall. Afin de solliciter notre attention, un tirage imprimé en grand de telle façon à être marouflé sur un pan de cimaise nous montre un homme âgé, chemise rentrée dans le jean, qui essaye comme il le peut de tendre un énorme drapeau américain. Le bougre chauvin va-t-il finir encapé par la liquette patriotique ? Ou bien entièrement aveuglé par l’étendard ? L’abus de nationalisme, on le sait de plus en plus ces derniers temps, est dangereux pour la santé d’une société. Le cliché date de 2022, capturé à Miami, au rallye pro-Trump «Save America» et déborde d’une ambiguïté déstabilisante qui va d’ailleurs auréoler un peu partout l’exposition. L’artiste de 51 ans à nos côtés, née à Weymouth dans le Massachusetts, confirme que c’est bien là sa stratégie et s’excuse promptement de nous faire vivre ça au lendemain d’un premier tour au constat amer. Sur son avant-bras gauche, on découvre un tatouage en birman. C’est un mantra qui dit : «Détends-toi, observe et laisse faire.» On ne sait pas si on pourra longtemps suivre ce conseil.
«Submergés par les images de violence»
Cela fait déjà dix ans déjà que Debi Cornwall, également avocate en droits civils par le passé (pendant douze ans), explore de par son approche documentaire les récits qui façonnent les Etats-Unis, conçus par et pour une Amérique qui vou