En 2022, à la même époque estivale, la discrète mais valeureuse Maison de la photographie Robert-Doisneau de Gentilly, en contrebas du périphérique parisien, hébergeait un hommage à Mary Ellen Mark. Et c’était l’occasion d’admettre qu’on avait sans doute sous-estimé l’importance de cette femme dans l’histoire de la photographie du demi-siècle écoulé. Or deux ans plus tard, voici que les Rencontres d’Arles prennent le relais avec, naturellement, une puissance de feu tout autre, qui fait que, promis juré, on n’oubliera plus de sitôt la native d’Elkins Park, en Pennsylvanie, morte de maladie en 2015, à New York, à l’âge de 75 ans.
Insatiable envie d’échange
Très courue dès les premiers jours, la rétrpective provençale s’intitule elle aussi «Rencontres» et l’on pourrait en déduire que le festival ne s’est pas foulé, en lui attribuant un titre aussi redondant que laconique. Pourtant, tout figure bien là, qui, en un mot, synthétise l’insatiable envie d’échange, parfois même démesurément étalée dans la durée, qui l’animera. En corollaire, on soulignera chez la photographe une foi en l’être humain si panoptique qu’elle étreindra dans son viseur aussi bien Mère Teresa, avec qui elle passera du temps à Calcutta, que la frange la plus implacablement raciste de la société américaine, symbolisée par les dangereux guignols du Ku Klux Klan, y compris saisis dans des poses de la vie quotidien