Letizia Battaglia tremblait devant les gamines de 10 ans et photographiait les crimes de sang de la mafia. Cent photographies de la grande photojournaliste sicilienne, morte en 2022, se déploient à la chapelle Saint-Martin du Méjan dans une poignante exposition qui retrace son parcours. Photographe à quarante ans, directrice du service photo de l’Ora, un journal de gauche qui s’opposait à la mafia, elle documente la violence qui traverse la société sicilienne des années 70 (4 meurtres par jour), consciente qu’elle met sa vie en danger.
Mais Letizia Battaglia n’est pas seulement la photographe des meurtres sanglants en noir et blanc, première femme européenne à recevoir le prix W. Eugene Smith en 1985. Ses émouvants clichés de misère -, où les bébés sont grignotés par les rats, ses pudiques photos érotiques, illustrant les changements des mœurs en Italie, et ses photos de patients de l’hôpital psychiatrique de Palerme, témoignent de son engagement et de son immense sensibilité.