Il faut une bonne dose d’imagination, mais aussi une pointe de culot pour immerger un propos artistique dans le cadre ingrat d’une aile désaffectée de centre commercial. Heureusement, aujourd’hui établi à Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), le Festival du regard en a vu d’autres. Mieux, même, habitué à vagabonder depuis sa création, à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) en 2015, l’événement francilien a su commuer en atout ce que d’aucuns auraient perçu comme un inconvénient majeur. Après notamment une ancienne poste et une tour EDF – symboles improbables d’une utopie urbanistique qui, dans les années 70, avait pour ambition de fusionner logements, bureaux, administration, magasins, infrastructures culturelles et sportives –, direction donc les 3 Fontaines, un de ces paquebots de la consommation croulant sous les enseignes bigarrées qui devrait inciter tout être humain normalement constitué à courir s’enfermer à double tour dans un ashram. Pourtant, à cinq minutes à pied du RER, il s’en passe vraiment de drôles dans l’ex-«ville nouvelle» dont l’autrice star et administrée, Annie Ernaux, demeure l’indétrônable ambassadrice d’une culture à la fois érudite et abordable.
«Pour chaque lieu que l’agglo nous octroie, nous tâchons d’adapter une thématique spécifique. Or, celle-ci me trottait dans la tête depuis un moment et le cont