C’est à une danse des 1 000 voiles, pudique et mystérieuse, à laquelle nous convie Hoda Afshar au musée du Quai-Branly. Dans «Performer l’invisible», première exposition de l’artiste iranienne en France, la figure humaine voilée, fantomatique, est un fil d’Ariane. Que renvoient les silhouettes disparaissant sous les plis d’une grande étoffe ? Pourquoi l’invisible fascine-t-il autant ? Sans chercher à révéler ce qui – ni qui – se cache sous les tissus, Hoda Afshar déploie cette énigme pour mieux la diffracter dans deux projets très différents.
Dans la belle installation Speak the Wind, l’artiste nous emmène dans les paysages fabuleux des îles du détroit d’Ormuz, à l’extrême sud de l’Iran. Mêlant vidéos et photographies de déserts, de vagues sanglantes, de sables noirs pailletés, de femmes aux étranges masques de cuir et de corps en transe sous un voile vert, Hoda Afshar pousse l’écriture documentaire à un paroxysme qui flirte avec la spiritualité et la fiction.
«Un projet sur le regard»
Un esprit surnaturel semble animer habitants et éléments naturels. «C’est le théâtre de la réalité, explique-t-elle, j’ai passé cinq ans à connaître tous les habitants. Les femmes qui dansent, jouent pour la caméra et collaborent avec moi. C’est de la performance.»
Pour l’artiste, formée aux Beaux-Arts en Iran et désormais installée en Australie, son approche diffère totalement du regard ethnographique de Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934), auteur de milliers de photographies sur le drapé au Mar