
Dans l'œil de Libé
EN IMAGES - Dans les salles de danse franciliennes, une fierté LGBT très en vogue
publié le 22 juin 2024 à 13h20
La house of Ninja s'entraîne dans une salle de danse du Carreau du temple, à Paris.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaMazikeen Ninja, pendant un entraînement au Centre national de la danse à Bobigny (Seine-Saint-Denis).
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaCoddy West s'entraîne à la Maison des pratiques artistiques amateurs Broussais, dans le XIVe arrondissement de Paris.
Nicola Lo CalzoLe Centre LGBTQIA+ de l’océan Indien après l’incendie survenu dans la nuit du 20 au 21 février 2023, à Saint-Denis de la Réunion.
Nicola Lo CalzoMamasha Yelele, mother de la House of Ninja, salle de danse au Carreau du temple.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaHermes, danseur, au Ghetto Kiki Ball, organisé à la Flèche d’or, dans le XXe arrondissement de Paris.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaAu Centre LGBTQI+ de Paris, Oscar montre une photo de sa main blessée lors d’un tabassage par son frère dans la maison familiale. Personne queer, il est originaire d'Inde et est actuellement demandeur d’asile.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaDans les coulisses du Ghetto Kiki Ball à la Flèche d’or, à Paris.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaRose et Chris, à la Pride des banlieues, à Saint-Denis.
«Je m’appelle Rose, j’ai 23 ans, actrice et mannequin, je suis basée à Paris et j’ai grandi en banlieue. Mes parents viennent d’ailleurs. Il y a beaucoup des personnes trans qui ressentent très profondément depuis qu’iels sont tout petit·e·s qu’il y a un autre genre qui entre en jeu. En ce qui me concerne, j’avais aussi une sorte de conflictualité par rapport à ça, mais ce n’était pas vraiment par rapport au genre, c’était plus sur l’expression de genre, j’ai toujours été assez à l’aise dans mon corps et je me suis pas forcement imaginée que je pouvais être une femme jusqu'à que je m’éduque vraiment sur le sujet et que je me renseigne, et que je sois confrontée à des profils différents et moins stéréotypés de personnes trans dont on reçoit des représentations dans les médias. J’ai eu un premier parcours trouble en tant que personne queer qui à l’époque s’identifiait comme homme gay, et ça c’est le parcours typique de beaucoup de personnes trans. Ensuite, dans ma dernière année de lycée, en terminale, j’ai commencé à comprendre qu’il y avait quelque chose en plus de ça et après, en sortant du lycée, sur une période d’un an, je me suis rendu compte que j’étais une femme. Je le dois aussi en partie aux réseaux sociaux qui m’ont beaucoup aidé dans cette prise de conscience. Internet m’a aidé à trouver des gens qui me ressemblaient, qui existaient, qui montraient un exemple. L’élément déclencheur a été un entretien que j’ai eu avec une fille d’une association d’entraide et de soutien aux trans. On s’est posé dans un café à Beaubourg, Elle m’a expliqué la vie. Je lui ai posé plein de questions et quand j’ai eu la confirmation de la part de cette fille que je pouvais être qui j’étais sans aucune règle établie, ça a été un véritable soulagement et j’ai pu entamer cette démarche de transition. Cela est venu avec tous les problèmes qui se posent pour une femme trans dans l’espace public à Paris. De manière générale, Paris est une ville qui te teste, le regard des gens est très présent. A New York, à Londres, c’est différent. Lors de mon dernier voyage j’ai été surprise par le nombre de drapeaux arc-en-ciel inclusifs. Rien qu’à voir ça, tu te sens beaucoup plus vue et, du coup, respectée. A Paris c’est plus rare, ça montre qu’il y a encore un manque de sensibilité par rapport à la question du genre même au sein de la communauté. Malgré mes multiples engagements, je ne me considère pas comme militante, j’essaie de participer à tous les rassemblements autour des personnes trans, je participe depuis 2017 à la marche Exitrans, je vais à la Pride, à la Pride radicale. Avec des amies militantes, je participe à des actions, je fais partie du collectif FTG (Femme Trans Gang).
«Depuis quelques années, il y a une vague de visibilité qui est en train de se produire autour des personnes queer et transgenres. D’un côté, il nous faut de la représentation positive dans tous les milieux, et c’est une bonne chose parce que ça élève les consciences, et d’un autre côté, ça expose les personnes trans à plus de vulnérabilités. Ça devient un sujet de débat et il y a des espaces médiatiques où le débat est instrumentalisé et ça donne lieu souvent plus à des discriminations qu’autre chose, en nous exposant beaucoup plus à la violence et en nous obligeant à prendre une position de combat.
«Je crois qu’aujourd’hui, ce qui est encore difficile c’est de coupler cette conscience LGBT aux autres luttes sociales qui sont importantes et qui sont essentielles à notre libération, parce que tant qu’on ne voit pas les choses avec un ensemble en vue, une alliance de féminisme, écologie, antiracisme et libération queer, à chaque fois il y aura des petits bouts de chemin qui seront faits par ci par là, mais on n’aidera pas la cause dans son ensemble. Dans cet éparpillement des luttes, souvent on perd de vue la notion fondamentale de classe qui produit les inégalités entres les possédants et les dépossédés, entres les dominants et les dominés. Une des consciences les moins éveillées en ce moment, ce sont les consciences de classe. Si on se sentait plus comme faisant partie d’une classe sociale, un groupe qui a un combat à mener contre les riches, les dominants, les possédants, on serait beaucoup plus fort.»
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaRobyn et Velvet, de la house of West, à la Maison des pratiques artistiques amateurs Broussais, à Paris.
Nicola Lo CalzoBrandon Gercara est un artiste et activiste du milieu queer à la Réunion. Ici au Centre LGBTQIA+ de l’océan Indien.
Nicola Lo CalzoDavid, artiste et danseur pendant The Big Print Ball Part II, au Flow, à Paris.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, NicolaLa house of Ninja à la fin de ses entraînements, dans la salle de danse du Carreau du temple.
Nicola Lo Calzo/Lo Calzo, Nicola