
Dans l'œil de Libé
EN IMAGES - De mères en filles, un cannibalisme métaphorique
publié le 15 avril 2025 à 9h36
C'est un conte, d'abord, qui capte l'attention de Lucile Boiron, celui du Petit Chaperon rouge.
Lucile BoironBien loin du récit traditionnel de Charles Perrault, où le loup déguisé en grand-mère dévore l'enfant, la photographe s'attache ici à ses versions plus anciennes, paysannes, transmises à l'oral.
Lucile BoironDes variantes plus cruelles : le loup, arrivé chez la mère-grand, la dévore mais en garde un peu de côté, et prend sa place.
Lucile BoironLe Chaperon arrive, et, ne se doutant de rien, obéit à la fausse grand-mère l'encourageant à manger un peu de viande et à boire un peu de vin – en fait, la chair et le sang de l'aïeule.
Lucile BoironLa symbolique est absolument fascinante.
Lucile BoironNous sommes constitués de nos ancêtres métaphoriquement et littéralement.
Lucile BoironLa science aussi fait état de ce phénomène : les études récentes autour du microchimérisme démontrent la migration fréquente des cellules entre le fœtus et la mère lors de la grossesse ou pendant l'accouchement.
Lucile BoironLa photographe a toujours observé la chair et l'effet du temps sur cette dernière de manière obsessionnelle, scrutant particulièrement les femmes de sa famille.
Lucile BoironElle ne craint pas de représenter le corps dans ce qu'il comporte de trahison, loin de toute vanité.
Lucile BoironFraîchement mère, elle intègre le nouveau lien à sa fille dans son travail, où les fluides et l'organique cohabitent avec la lumière.
Lucile Boiron«Bouche», son nouveau livre, paraît mardi 15 avril chez Art Papier Edition, et est exposé jusqu'au 27 avril à la galerie Hors Cadre, à Romainville.
Lucile BoironDamarice Amao, commissaire de l'exposition, à propos du titre de l'ouvrage : «Le motif et la symbolique de la bouche continue d’hanter son travail sur la quête des origines.»
Lucile Boiron«La bouche n’est pas seulement le lieu de l’ambivalence monstrueuse, elle est une énigme devant laquelle on s’interroge sur l’origine de notre existence.»
Lucile Boiron