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Le salon Afroderm à la Maison Python (Paris XIXe), le 5 mai.Dorian Prost/Libération

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EN IMAGES - Les tatouages sur peaux noires

Face aux préjugés tenaces qui empêchent beaucoup de personnes noires d’être tatouées convenablement, la première convention de tatouage «à l’attention des personnes à carnation foncée et métisse» s’est déroulée les 4 et 5 mai à Paris.
ParBalla Fofana
Photo Dorian Prost
publié le 11 mai 2024 à 15h11
Le salon Afroderm à la Maison Python (Paris XIXe), le 5 mai.
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Therapi (Pauline Gomes, 26 ans) artiste tatoueuse, cofondatrice du salon Afroderm, se souvient encore de cette femme de 50 ans prise de convulsion devant son aiguille : «Elle s’était fait défoncer la peau vingt ans plus tôt.»
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Dimitri Andrew, 25 ans alias Just Pigment, cofondateur d'Afroderm : «Les clients à peau foncée se livrent avec naïveté au tatoueur. Ils n’ont pas forcément de connaissance dermatologique. Les personnes afro-descendantes elles-mêmes véhiculent ou relaient ces mythes, comme "les peaux noirs ne bronzent pas donc elles n’ont pas besoin de crème solaire".»
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«Nous invitons les clients à augmenter leur niveau d’exigence et à se dire que se faire tatouer, ce n’est pas forcément se faire maltraiter. Les professionnels sont également responsables, ils doivent se renseigner sur les spécificités des peaux foncées et s’y adapter.»
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Onze artistes tatoueurs proposent des flashs (modèles déjà disponibles chez un tatoueur) adaptés à toutes les teintes.
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Talal Al Akkad alias Mistermonster, 36 ans, est le fondateur du shop Maison Python. «Quand je me suis tatoué, mes parents ont pété un câble. A cause du poids de la religion, la peur du regard des autres et la crainte de me voir hypothéquer mon avenir en me faisant remarquer négativement, déjà que je suis un fils de Maghrébins.»
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«Je veux me réapproprier mon africanité. Nos ancêtres se tatouaient pour diverses occasions : pour un deuil, pour devenir plus fertile… On est la génération qui ouvre la voie.»
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Gladys a trouvé son bonheur. Pour ses 39 ans elle a déjà pris rendez-vous pour une création. «Je vais me faire une grosse fleur d’hibiscus colorée sur mon épaule.»
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Talal Al Akkad : «Chez les personnes musulmanes, il y a une émancipation en cours. Je pense que d’ici dix ans, la pratique va se répandre. Au Maroc par exemple, il y a des mouvements de retour aux traditions millénaires. Le tatouage est aussi un espace de déconstruction des carcans moraux, culturels et sociaux.»
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La première édition est d’ores et déjà un succès, plus de 250 personnes ont participé. L’équipe d’Afroderm envisage une seconde convention avant la fin de l’année.
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