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Dans l'œil de Libé

EN IMAGES - Pouria Khojastehpay, l’éditeur du crime

Chaque samedi, le service photo de «Libé» met en lumière le travail d’un artiste. Cette semaine, la maison d’édition néerlandaise 550BC, fondée par le Néerlando-Iranien Pouria Khojastehpay, montre la violence sous ses différentes formes.
BooBoo (à droite) fait le signe du gang des Playboys avec sa main, 1993, à Los Angeles. (Robert Yager/Robert Yager)
par Dylan Calves et Photos publiées par 550BC
publié le 25 août 2023 à 17h25

Ce natif de Shiraz a grandi comme réfugié aux Pays-Bas avant de s’installer à Eindhoven. Cet environnement urbain, son manque d’intensité des couleurs, la saturation de gris en raison de l’excès d’asphalte, de béton et de briques, ont une influence fondamentale sur son travail artistique. Il collectionnait déjà des livres sur la culture du crime quand il a commencé ses recherches sur ses racines iraniennes et la criminalité.

Devant l’absence de résultats, il décide de créer son premier recueil en combinant plusieurs sources : Crime Wave Tehran. «J’avais d’autres sources dans le monde du crime, mais je ne savais pas que je pouvais créer des livres de photos directement à partir de ces sources. Un livre en a entraîné un autre et d’autres portes ont commencé à s’ouvrir. Aujourd’hui, nous sommes une maison d’édition qui se consacre à l’étude des multiples facettes de la criminalité organisée et des conflits contemporains.»

Dans un premier temps, il édite du matériel collecté sur tout support disponible : édité en novembre 2019, Crowbar Hotel : Live From CDCR est l’aboutissement de plus de deux ans de collecte de photos de smartphones de contrebande prises en prison par des membres des gangs «Bloods» et «Crips» incarcérés (les photos et les vidéos ont été envoyées par les détenus, et le contenu a été trouvé en suivant leurs comptes de médias sociaux).

Il publie ensuite le premier livre d’un de ses meilleurs amis, le photographe Sakir Khader, Martyrs’Brigade en mars 2022. Certains ouvrages d’après, toujours autour du thème de la violence, se font à l’initiative d’autres photographes qui souhaitent travailler avec la maison d’édition. «Federico Vespignani (Por Aquí Todo Bien) a soumis son travail. Boogie (Live On Live Long) est une vieille connaissance, et Robert Yager (Playboys) a été le premier photographe que j’ai découvert et qui m’a initié à la photographie de gangs. J’ai contacté Robert moi-même et il a fallu des années pour le convaincre de faire un livre de photos.»

Selfies sulfureux de sicarios, masculinité saillante au mitard, mignonitude des ménageries de narcotrafiquants des favelas… Chaque livre de la maison est tiré à 550 exemplaires, tous presque aussitôt épuisés : «Je ne m’attendais pas à ce que la plupart des titres se vendent rapidement et prennent de la valeur sur le marché de la revente.»

Images d’actualité, du quotidien, d’art ou grands noms de l’histoire de la photographie… Retrouvez dans la rubrique «En images» du site de Libération les choix du service photo du journal, qui privilégie les écritures singulières, innovantes ou étonnantes. Et parce que c’est depuis toujours une préoccupation de Libération, découvrez également nos pages Images dans l’édition du week-end.