Ecrire un roman n’est pas faire une photographie. Pourtant, l’écriture et la photo ont des points communs, montre Lou Stoppard dans l’exposition «Extérieurs». Pour la commissaire britannique, il est possible d’«écrire des images» et de «voir un texte» puisque l’œuvre d’Annie Ernaux nous y invite. Issue d’une résidence de recherche au sein de la Maison européenne de la photographie (MEP), l’expo prend comme point de départ le Journal du dehors, un livre d’Annie Ernaux publié en 1993. Dans l’avant-propos, l’écrivaine explique son projet : «Pratiquer une sorte d’écriture photographique du réel, dans laquelle les existences croisées conserveraient leur opacité et leur énigme.» De 1985 à 1992, elle a transcrit des moments décisifs de son quotidien, comme un photographe saisit la rue sur le vif, à la sauvette. Elle est une femme écrivaine dans l’espace public, territoire du masculin.
Du Bataclan au métro de Tokyo
Dans le parcours de la MEP, le visiteur circule entre des extraits du Journal du dehors, imprimés sur de grands cartels, et des tirages issus des collections du musée – 150 photos de 29 photographes. Dans les textes d’Annie Ernaux, inspirés par Cergy-Pontoise, la ville nouvelle où elle habite dans le Val-d’Oise, surgissent des lieux très visuels : centre commercial, centre