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«Hollywood Nightmares» de Raphaël Neal, l’amer du décor

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Dans une série d’autoportraits travestis inspirés des stars de l’âge d’or des années 1930 à 1950, où il est à la fois la muse et le tyran, le photographe met en scène son dégoût du cinéma.
«Cut !» de Raphaël Neal, série «Hollywood Nightmares», 16 mai 2021. (Raphaël Neal / Agence VU/Raphaël Neal / Agence VU)
publié le 2 janvier 2025 à 18h51

Hollywood, une machine à rêves, vraiment ? Dans le regard du photographe Raphaël Neal, Hollywood a plutôt l’air d’une putride fabrique à cauchemars. Voire d’un appareil de torture grinçant. Quinze ans après avoir réalisé des photos de plateaux imaginaires, publiées dans le livre Bates Productions – en hommage à Norman Bates, le personnage d’Alfred Hitchcock dans Psychose –, revoilà Raphaël Neal affichant sa fascination très particulière pour le cinéma dans un nouvel ouvrage intitulé Hollywood Nightmares.

A ses débuts, le photographe, roi de l’autoportrait travesti, mettait en scène des images de promotion de films fictifs où il se donnait de beaux rôles. Mais dans cette nouvelle série, les personnages qu’il incarne ne sont plus les jeunes premiers du cinéma d’auteur sur des images désirables. Ses figures sont inspirées des stars de l’âge d’or du cinéma des années 1930 et 1950 : projecteurs en arrière-plan, les vedettes incarnées par le photographe ont du sang sur les mains et des asticots dans les narines. Que signifient cette hémoglobine, ces tartines de sperme et ces traces de merde sur les visages ?

Postiches, sang de synthèse et rats

Elevé à la campagne où il passe son enfance à s’inventer des vies, Raphaël Neal est par ailleurs comédien dans des petits rôles au cinéma. Il aime aussi jouer la comédie devant son appareil photo. Dans l’exiguïté de son studio londonien, seul avec ses costumes, ses postiches, son sang de synthèse, ses rats et cafards de carnaval, Raphaël Neal a peaufiné de b