Des selfies léchés dans une nature onirique à l’esthétique Instagram, des photos trash et granuleuses de caves festives en noir et blanc : c’est bien la jeunesse de 2022, sans frontière, incarnation de l’insouciance, entre ses accros à Snapchat et ses skateurs désinvoltes. Au milieu de ça, un building amputé, un lit improvisé dans un abri anti-bombe et des mots qui glacent. «Mon mari est resté à Boutcha et a disparu le 9 mars», écrit Lena. «On a appris à dormir dans nos vêtements et à descendre à la cave en une minute. Je rêvais de vacances dans les îles, et maintenant je rêve d’un ciel en paix», dit Nastya.
Recréer la puissance d’un sentiment, pour les journalistes, est un objectif souvent inatteignable. Orianne Ciantar Olive réussit pourtant ce pari : transmettre l’irruption de la violence absolue. La photojournaliste, installée à Marseille, nous laisse entrapercevoir ce que le 24 février 2022, jour de l’invasion russe, a signifié pour des millions d’Ukrainiens. Elle livre à Libération la genèse de son projet «Stuck in Here», compte Instagram qui publie des photos et témoignages de jeunes Ukrainiens.
Comment et quand est né ce projet ?
J’ai suivi comme tout le monde, en temps réel et avec effroi, la déclar