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«Je ne mets plus mon portable en silencieux»: face à la guerre, avec la jeunesse ukrainienne

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Certains sont restés, d’autres ont fui le pays. Ils sont jeunes, ont des rêves et attendent la paix. Depuis le début de la guerre, la photojournaliste Orianne Ciantar Olive rassemble leurs témoignages sur le compte Instagram «Stuck in Here», afin de favoriser la prise de conscience à travers des clichés personnels, intimes et dénués de toute violence.
Extraits de «Stuck in Here», avec les comptes Instagram de @somina.daria, @olesia.saienko, @yanaphotoartist, @veronihue, @pod.all, @whitestarofficial, @na.svitlo, @artistkasolovyova.
publié le 6 mai 2022 à 15h57

Des selfies léchés dans une nature onirique à l’esthétique Instagram, des photos trash et granuleuses de caves festives en noir et blanc : c’est bien la jeunesse de 2022, sans frontière, incarnation de l’insouciance, entre ses accros à Snapchat et ses skateurs désinvoltes. Au milieu de ça, un building amputé, un lit improvisé dans un abri anti-bombe et des mots qui glacent. «Mon mari est resté à Boutcha et a disparu le 9 mars», écrit Lena. «On a appris à dormir dans nos vêtements et à descendre à la cave en une minute. Je rêvais de vacances dans les îles, et maintenant je rêve d’un ciel en paix», dit Nastya.

Recréer la puissance d’un sentiment, pour les journalistes, est un objectif souvent inatteignable. Orianne Ciantar Olive réussit pourtant ce pari : transmettre l’irruption de la violence absolue. La photojournaliste, installée à Marseille, nous laisse entrapercevoir ce que le 24 février 2022, jour de l’invasion russe, a signifié pour des millions d’Ukrainiens. Elle livre à Libération la genèse de son projet «Stuck in Here», compte Instagram qui publie des photos et témoignages de jeunes Ukrainiens.

Comment et quand est né ce projet ?

J’ai suivi comme tout le monde, en temps réel et avec effroi, la déclar