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Juergen Teller, pour le meilleur et pour le pitre

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Rencontre avec le photographe qui bouscule les codes dans ses clichés de mode et ses séries conceptuelles de plus en plus autobiographiques. Il investit le Grand Palais éphémère avec «i need to live» dès ce samedi 16 décembre.
«Donkey Man, Self-portrait», Londres. Cet autoportrait exutoire évoque une agression sexuelle subie dans sa jeunesse, sur un âne, à la frontière syrienne en Turquie. (Juergen Teller)
publié le 15 décembre 2023 à 16h11

C’est le premier photographe à affronter ce format XXL : Juergen Teller a pour lui tout seul les 10 000 m2 du Grand Palais éphémère, deux ans après le peintre Anselm Kiefer, artiste du gigantisme. En plus de trente ans de carrière, le photographe s’est fait un nom dans la mode, via les magazines et les marques de luxe, avant de devenir un phénomène à part entière, à la fois enfant terrible et pop star. Devant son objectif ? Les plus belles femmes du monde, mais aussi les couturiers, acteurs, célébrités, personnalités des arts et du sport et, de plus en plus, lui-même, diable mutin apparaissant dans ses photos… Son style ? Le «telleresque» : cru, flashé, sexy, déluré, irrévérencieux, burlesque… Depuis la fin des années 80, Teller – boulimique visuel – casse les codes, abolit les frontières entre le banal et le luxe, l’artistique et le commercial, le privé et le public, le grotesque et le chic, le nu et l’habillé. «Juergen pouvait tout à fait travailler à cette échelle en puisant dans la totalité de son œuvre, assure le commissaire Thomas Weski. Exception dans le paysage de la photographie allemande, son travail est inclassable, un pied dans l’art, un pied dans le commercial. C’est un outsider qui a adopté un langage visuel rebelle. Il a quitté son pays natal.»

C’est donc à Londres, où il s’est install