
Dans l'œil de Libé
Le Brésil en mille regards : Claudio Edinger à Rio, 25 kilos sur le beau
Par
Odhràn Dunne
Service photo
publié le 23 juillet 2025 à 9h21
C’est une question de temps. Comme souvent en photographie. Mais un peu plus encore dans le cas de la série «Rio» de Claudio Edinger.
Au début des années 2000 un de ses rêves devint réalité : acquérir une chambre photographique 4x5. Un équipement généralement confiné aux studios plus qu’aux déambulations, car lourd (25 kilos et un trépied obligatoire) et aux manipulations longues et exigeantes. Claudio Edinger décide d’embarquer ce matériel sur son dos pour aller capter Rio de Janeiro durant ses différents voyages pour rendre visite à sa tante et son oncle.
Le temps donc est au centre de la démarche du photographe : prendre le temps de revenir sur un territoire pour le photographier encore et encore avec un processus de prise de vue lui-même chronophage.
Un éloge de la lenteur où la photographie se construit d’abord mentalement avant de se composer sur le dépoli de la chambre et s’imprimer sur la surface sensible.
Avec la mise au point sélective, le photographe choisit la zone de netteté sur l’image. Ainsi Edinger se détache d’une forme documentaire pour se rapprocher d’une esthétique plus pictorialiste et convoquer certaines de ses références, tels Monet ou Van Gogh.
Avec ce procédé Rio devient un songe, l’émotion d’un souvenir intemporel. Les corps se transforment en silhouettes sans âge parfois élancées, parfois minuscules, parfois fantomatiques, et les paysages deviennent des terres monde aux allures de maquette. Rio n’est plus une ville, mais le véhicule du sentiment que lui adresse son photographe et dans lequel il nous invite à se lover.