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Des autels ornés de coquillages, des colliers de perles, des offrandes de fruits exotiques et des statues d’orixás baignées de lumière : les photographies de Gui Christ plongent au cœur des religions afro-brésiliennes, où chaque objet rituel devient le témoin d’un lien ancien entre les hommes et les divinités. Gui Christ/Gui Christ

Dans l'œil de Libé

Le Brésil en mille regards : Gui Christ garde le rite

Cet été, avec la collection de la BNF, «Libé» s’ouvre aux photographes du pays-continent. Aujourd’hui, hommage aux croyances et traditions réprimées des Afro-descendants.
ParLily Martens
Photos Gui Christ
publié le 9 août 2025 à 8h48
Des autels ornés de coquillages, des colliers de perles, des offrandes de fruits exotiques et des statues d’orixás baignées de lumière : les photographies de Gui Christ plongent au cœur des religions afro-brésiliennes, où chaque objet rituel devient le témoin d’un lien ancien entre les hommes et les divinités.
Gui Christ/Gui Christ
Avec sa série «M’kumba», le photographe propose une vision sensible et collective d’un héritage spirituel longtemps réprimé, mais toujours ancré dans les pratiques contemporaines.
Gui Christ
Entre le XVIe et le XIXe siècle, près de cinq millions d’Africains – Bantous, Yorubas, Ewés – ont été déportés vers le Brésil.
Gui Christ
Arrachés à leur terre, réduits en esclavage, ils ont vu leurs pratiques spirituelles persécutées pendant des siècles.
Gui Christ
Et même si ces cultes sont aujourd’hui reconnus, les violences perdurent : plus de 1 200 agressions visant des communautés afro-religieuses ont été signalées sur les six premiers mois de 2024, soit le double par rapport à la même période l’année précédente selon l’Observatoire des libertés religieuses de Rio de Janeiro.
Gui Christ
Dans ce contexte, «M’kumba» devient un geste de réappropriation et de transmission.
Gui Christ
Le mot, issu de la langue kongo, désignait autrefois des guides spirituels avant d’être détourné par la colonisation pour discréditer ces croyances.
Gui Christ
Gui Christ se réapproprie ce terme afin d’en restaurer la puissance symbolique et d’en faire le socle d’un travail photographique à la fois politique et incarné.
Gui Christ
Il sillonne le pays afin de rencontrer des adeptes du candomblé, de l’umbanda ou du catimbó, et met en scène avec eux orixás, rituels et objets de culte.
Gui Christ
Chaque image, construite en collaboration et selon les codes de chaque communauté, est imprégnée d’axé – cette force qui relie les mondes visibles et invisibles.
Gui Christ
Empreinte d’onirisme, sa démarche redonne corps à une spiritualité vivace.
Gui Christ
Au-delà des croyances, «M’kumba» affirme qu’honorer ces traditions, c’est préserver une mémoire collective.
Gui Christ
Une mémoire forgée dans la douleur, entre exils forcés, persécutions religieuses et transmission clandestine.
Gui Christ
Cette mémoire, transmise dans l’ombre par des générations de fidèles, demeure vivante malgré les siècles d’effacement.
Gui Christ
Elle est aujourd’hui plus que jamais nécessaire à l’équilibre du Brésil d’aujourd’hui, en quête de justice, de reconnaissance et d’unité.
Gui Christ
Chaque photographie devient ainsi un acte de reconnaissance et de résistance, célébrant une foi tenace et lumineuse.
Gui Christ