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Récompense

Le cliché d’une hyène dans un village fantôme de Namibie remporte le prix de la photo animalière 2025

Le photographe sud-africain Wim van den Heever a été décoré du prestigieux prix du musée d’histoire naturelle de Londres le 14 octobre dans la soirée.

«Ghost Town Visitor» de Wim van den Heever (Wim Van Den Heever)
Publié le 15/10/2025 à 16h33

Une bête qui erre, dans une ville abandonnée. Nulle âme qui vive, rien que des carcasses de maisons, le tout baigné dans la clarté de la lune qui fait scintiller le granit. C’est une hyène, entourée d’un halo de brume, qui regarde curieusement l’objectif. Ce cliché Wim van den Heever intitulé Ghost Town Visitor (le visiteur de la ville fantôme) a remporté le prix annuel de la photographie animalière décerné par le Musée d’histoire naturelle de Londres, le 14 octobre.

Ce photographe sud-africain a sillonné le globe pour capturer la vie sauvage, s’intéressant particulièrement aux zones protégées ou délaissées par les humains. Sa photo primée, prise dans le désert de Namibie, a été plébiscitée par les juges qui ont considéré qu’elle reflétait à merveille le «talent» et la «curiosité» de son auteur, comme le précise un communiqué. Surtout, le jury a salué sa «persévérance» puisqu’il a «consacré dix ans à obtenir cette photographie extraordinaire».

Des hyènes dans la ville

Il est en effet rare de croiser l’animal qui figure sur le cliché, à plus forte raison dans une ville. Il s’agit d’une hyène brune, dont l’espèce est considérée comme quasi menacée du fait de sa faible population – entre 4 000 et 10 000. Pendant des années, le photographe sud-africain a traqué ses empreintes dans le désert, sans jamais parvenir à en croise une. Jusqu’à ce que l’une d’elles s’aventure dans les ruelles du village de Kolmanskop, et tombe nez à nez avec le photographe.

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La présence de cette hyène en milieu urbain, à première vue surprenante, s’explique par le fait que le lieu où elle vagabonde est désaffecté. Auparavant s’y trouvaient des mines de diamants, grandement exploitées au XXe siècle, avant leur épuisement dans les années 1960. Kolmanskop est donc un lieu fantôme, où errent seulement des bêtes dont des hyènes. Celles-ci sont d’ailleurs indispensables dans ces écosystèmes presque désertiques, contextualise le Musée d’Histoire naturelle. «Charognardes, elles nettoient en se nourrissant d’animaux morts, mais redistribuent également les nutriments» via leurs excréments ou avec le reste des carcasses qu’elles ont consommées.

Kolmanskop «était autrefois un environnement dominé par l’homme, mais ce n’est plus le cas», remarque Kathy Moran, présidente du jury du prix au sujet du cliché récompensé. «Abandonnée par les mineurs, la faune a pris le dessus. Repeuplée, en quelque sorte. Est-ce encore une ville ? Il me semble que oui, mais elle n’est plus à nous».