Désormais au seuil de la soixantaine, Igor Mukhin n’a pas une stature de star de la photographie. C’est dommage et même sans doute un tort, si l’on se réfère à une double actualité hexagonale, sous la forme d’une exposition, «Générations, de l’URSS à la nouvelle Russie», présentée à la Maison Doisneau de Gentilly (Val-de-Marne), et d’un livre qui, bien que titré pareil, n’en est pas tout à fait le catalogue.
De sa notice biographique, on déduit qu’Igor Mukhin ne serait pas tant le rejeton d’une patrie que d’une ville, Moscou. Là où cet échalas à lunettes est né, vit et travaille toujours, lui, l’ex-employé dans une entreprise du bâtiment, puis manutentionnaire, devenu depuis une dizaine d’années enseignant à l’école Rodtchenko (considérée à l’échelle nationale comme un creuset de l’art contemporain). Manière implicite de consacrer le parcours sans concession d’un artiste indépendant, fournissant aussi bien la presse internationale (dont Libération) en portraits et reportages, que glissant des œuvres dans des collections prestigieuses, telles celles du MoMA à New York, ou du Fonds national d’art contemporain (propriété de l’Etat français).
On se baigne à poil
Qu’Igor Mukhin – qui, accessoirement, ne parle que russe – éprouve une curiosité viscérale et imprescriptible pour son fief ne souffre aucune équivoque. Ce qui n’interdit pas une observation dénuée de sensiblerie, à la fois