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Le photographe Marc Riboud au musée Guimet, les damnés de la guerre

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Le musée parisien met à l’honneur les remarquables reportages au Vietnam du photographe de l’agence Magnum, jusqu’au 12 mai.
L'ancienne ville impériale de Hue, après le bombardement de mai 1968. (Marc Riboud)
publié le 5 avril 2025 à 18h13

«Aujourd’hui, pas un arbre qui n’ait été tronçonné, haché, écorché par les bombes […] Pas un poteau électrique qui ne soit tordu ; pas un pare-brise de voiture ou de camion qui ne soit troué de balles ; pas une maison qui ne soit détruite ou endommagée […] Les morts ont été enterrés sur place […] Ces petits mamelons de terre, on les voit partout : dans les parcs, au pied des arbres, sur les bords de la rivière. Certains ont la taille de très jeunes enfants. Des décombres, on retire encore des morts. A l’hôpital, des blessés, dans les camps de réfugiés, des enfants, meurent tous les jours.» D’une dévastation l’autre, le récit ne décrit pas la bande de Gaza, mais la ville vietnamienne de Hué, ancienne capitale impériale jadis réputée pour ses porcelaines bleues. Et il ne date pas de ces dernières semaines, mais d’avril 1968, en pleine offensive du Têt, épisode guerrier durant lequel les Américains procéderont à des bombardements intensifs en niant «viser les populations», l’histoire n’ayant décidément pas fini de bégayer.

Ainsi, venu à Guimet, Musée national des arts asiatiques, pour redécouvrir le travail d’un photographe français parmi les plus illustres de la seconde moitié du XXe siècle, se retrouve-t-on à lire ces articles, publiés dans le Monde, que Marc Riboud rédigeait une fois son Leica remisé. Témoin majuscule de son époque, le cadet de Cartier-Bresson et de Capa aura bourlingué toute sa vie, entre Chine, Alaska, Afrique du Sud, Iran et Cuba. Mais