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Libération
Rencontres de la photo

«Le plus effroyable est qu’on finit par oublier la radioactivité» : à Arles, capturer la catastrophe de Fukushima

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Les Rencontres d'Arles 2024dossier
Deux des photographes japonais de l’expo collective «Répliques» retracent auprès de «Libé» leur travail sur les traces palpables et les effets invisibles du cataclysme nucléaire de 2011.
«Des vagues et un foyer», Fukushima, 2013, par Obara Kazuma. (Obara Kazuma/Atelier EXB, Paris 2024)
par Karyn Nishimura, correspondante à Tokyo
publié le 6 juillet 2024 à 10h49

Séisme de magnitude 9, gigantesque tsunami de plusieurs dizaines de mètres, plus de 22 000 morts, accident nucléaire de Fukushima, des centaines de milliers de vies affectées, une nature ruinée. Comment photographier le cataclysme de mars 2011, immédiatement et des années plus tard ? «Pour prendre des photos dans la centrale en août 2011, je n’ai pas utilisé une méthode très orthodoxe», avoue Kazuma Obara, qui raconte à Libération avoir bravé l’interdiction formelle des autorités. Les premiers journalistes n’ont pu y pénétrer qu’environ trois mois plus tard.

«C’est en devenant ami avec des ouvriers et en les écoutant que j’ai décidé d’y aller aussi. Ils étaient avant tout des victimes. L’un d’eux m’a particulièrement touché, il était auparavant employé de chantier, mais a perdu son travail à cause de l’accident. Il a choisi de se faire engager à la centrale pour rester dans la région de Fukushima et œuvrer pour sa reconstruction. Il me racontait en pleurant son dilemme intérieur : être victime de l’accident nucléaire mais devoir obéir aux ordres de son employeur, la compagnie Tepco, responsable dudit accident», déroule l’artiste japonais. Choqué par la jeunesse des ouvriers et l’état de la centrale, il a d’abord voulu montrer l’existence de ces