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Quelle délicatesse que ce portrait de femme en robe d’été coiffée d’un chapeau rose, avec un bouquet dans les bras. Quelle merveille que ce petit groupe sur la plage d’Hendaye, en maillot noir des années 1920, avec une immense ombrelle japonaise. Si les illustrations du livre l’Epreuve de la couleur sont si petites, c’est qu’il s’agit des rares autochromes de Jacques Henri Lartigue, reproduits à taille réelle. Et s’ils sont doubles, c’est que ce sont des vues stéréoscopiques destinées à être rétroéclairées dans une visionneuse pour en faire ressortir le relief. De 1912 à 1927, le grand photographe des jeux, du bonheur et de l’élégance s’est essayé à la couleur au moyen de cette technique difficile, qui nécessitait un long temps de pose et ne pouvait être que projetée. Véritables œuvres d’art en petit format, ces minuscules lucarnes du temps, concentrent tout le talent du photographe, entre portraits délicats, coucher de soleil, jardins luxuriants et paysages de neige.

Mais, où sont donc les hommes… nus ? Les voilà tous dans Lusted Men, un épais ouvrage à la couverture rouge. Démarré en 2019 par un petit groupe de filles sensibilisées au sujet de la représentation des corps masculins, le projet est aujourd’hui une riche collection de garçons à poil, érotiques, photographiés par des hommes ou par des femmes. Car oui, il n’y a pas que les hommes qui aiment photographier des femmes à poil ou des hommes qui immortalisent d’autres mecs avec un regard homoérotique. Résultat d’appels à contribution successifs, Lusted Men rassemble des images d’amateurs et de professionnels, en noir et blanc ou en couleur, au Pola ou en numérique. Au fil des pages, il y en a pour tous les goûts, des hommes poilus, des imberbes, des barbus, des gars en érection ou au repos, des timides, des sévèrement membrés, des gays ou des hétéros. Un éventail masculin qui renouvelle le genre du nu, à reluquer sans modération.

Vous aimez la photographie. Vous aimez les musées. Alors impossible de ne pas être sensible au regard de Nicolas Krief qui s’est immergé dans les coulisses des expositions. Pendant près de quinze ans, le photographe s’est glissé dans les réserves et les collections du Louvre, d’Orsay ou du Palais des Doges à Venise. Il s’est fondu dans les équipes de régisseurs, de conservateurs, de scénographes et de personnels de nettoyage. Le dialogue qu’il installe entre les œuvres (tableaux, sculptures, taxidermies…) et leur manutention donnent lieu à des instantanés pleins de saveur, d’humour et de technicité. Nouveaux «objets de culte» dans un monde désacralisé, les objets d’art retrouvent naturellement toute leur superbe et leur intimité dans un hors-champ trivial nécessaire.