Ce sont deux parrains de choix qui veillent au chevet de l’exposition «Marronnage». D’un côté, le peintre haïtien Hervé Télémaque, l’un des derniers et sans doute le plus émancipé des représentants de la figuration libre qui, après avoir été dans les années 60 l’un des porte-parole du pop art «à la française», a, au tournant des années 2000, renoué avec ses racines et l’histoire de la négritude. C’est lui qui aurait impulsé ce projet d’exposition autour de l’art tembé né dans le sillage des mouvements d’émancipation des esclaves.
De l’autre, l’ancienne garde des Sceaux, Christiane Taubira, qui, la «Guyane au cœur» et les mots en bandoulière, signe un texte fleuve et poétique, la Torche de résine, qui remonte le court du Maroni (autour duquel se sont installées nombre de communautés marrons mais qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne donne pas son nom au phénomène) et met le feu aux poudres. Car Taubira commence par mettre le doigt sur un premier nœud : l’usage de la langue des dominants. «Les mots, c’est leur propre, transportent des malentendus. Le marronnage porte sa charge, comme ses cousins sémantiques en Amérique et Caraïbes : indien, créole, amérindien, bushinenge, autochtone, indigène... et même métropole. Aucun d