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Mathieu Pernot, à portée d’humain

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Migrants, l'hécatombedossier
Le photographe expose au Mucem une nouvelle facette de son travail sur les migrants. Modeste et poignant.
«Mólyvos» à Lesbos en 2020. (Mathieu Pernot)
publié le 18 août 2022 à 19h43

C’est vers le ciel que le Syrien Muhammad Ali Sammuneh s’est naturellement tourné. Le ciel d’où pleuvaient les bombes mais aussi celui que cet astronome de formation ne cessa de pister depuis son pays d’origine jusqu’à Paris où il trouva refuge en 2015, après avoir été chassé de l’université d’Alep. Ce premier mouvement ascendant, celui-là même qui continue d’écarteler le titan Atlas, condamné pour l’éternité à porter la voûte céleste, donne la première inflexion de l’«Atlas en mouvement» mis en scène par le photographe Mathieu Pernot au Mucem.

Drôle d’idée que cette encyclopédie mobile (protéiforme et work in progress) pour des corps empêchés. On pourrait considérer que c’est là une façon un peu paresseuse de ne pas adopter de parti pris clair et tranché. Mais c’est sans doute plus assurément le choix généreux de quelqu’un qui, depuis plus de vingt ans, piste les chemins accidentés des migrants. Celui d’un photographe qui ne saurait adopter de geste surplombant, préférant au contraire rester au plus près de la réalité des uns et des autres en les multipliant. Avec eux, il retrace les itinéraires réels et fantasmés (les séries dessinées «le Point de départ» ou «le Voyage»), le sort de celles et ceux stoppés net en mer Méditerranée (les cartes maritimes des naufrages et leur macabre décompte) et encore les menues, mais tragiques, relocalisations des camps de fortune, à Calais ou Lesbos.

Modeste et poignant

«J’ai eu envie d’une iconographie qui s’envisagerait avec eux», expliqu