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Libération
Disparition

Mort du photographe Pierre Gonnord, portraitiste du clair-obscur

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Le photographe qui vivait en Espagne est mort dimanche 21 avril. Exposés dans le monde entier, ses clichés s’attachaient à sublimer les laissés-pour-compte dans un style d’un grand classicisme.
Un portrait par Pierre Gonnord exposé aux Rencontres photographiques d'Arles, en 2008. (Boris Horvat/AFP)
publié le 24 avril 2024 à 19h18

Ses grands portraits, en clair-obscur, frappaient par leur intensité et leur présence. Mineur, punk, dealer, moine, yakuza, immigré, sans-abris ou gitan survivront sans aucun doute à Pierre Gonnord. Mort dimanche 21 avril à Madrid, à l’âge de 60 ans – comme l’a annoncé le musée national Reina-Sofía –, le photographe souffrait d’une leucémie. Exposés dans le monde entier, ses portraits étaient d’emblée reconnaissables, tant les personnes photographiées vous sautaient aux yeux, empreintes d’une aura puissante et quasi mystique. Pierre Gonnord savait capter les visages mais il savait surtout habiter le regard de ses modèles d’une présence magnétique, sensible et fascinante. Des laissés-pour-compte, il savait faire des rois. Son style, d’un grand classicisme, était inspiré par les maîtres italiens et les baroques espagnols : Le Caravage, Bartolomé Esteban Murillo ou José de Ribera. Il admirait aussi Rembrandt, dont les portraits presque vivants sont toujours «sur le point» de quelque chose, comme en suspens. C’est précisément ces moments d’instabilité fugace qu’il recherchait dans ses images.

«Une sorte de bouée de sauvetage»

Vu à la Biennale de Venise, au musée du Prado ou au Kulturhuset Museum de Stockholm, Pierre Gonnord a aussi exposé en France, à la MEP ou aux Rencontres d’Arles. «Il compte parmi les grands portraitistes d’aujourd’h