Avant lui, la photographie était timide, un peu «tarte» – ce sont ses propres mots. Avec lui, elle est devenue brutale, insolente et rentre-dedans. William Klein, photographe, documentariste, peintre, cinéaste et graphiste, était un œil aiguisé de la modernité urbaine, un pionnier de la street photography, un précurseur du pop art et un maître du noir et blanc. Ses photos prises au nez et à la barbe des foules explosent d’énergie et de violence contenue. Regard sans peur, Klein a plongé dans la mêlée, a étreint l’action, a interpellé ses sujets, dans un grand éclat de rire, faisant naturellement sienne la devise de Robert Capa : «Si votre photo n’est pas assez bonne, c’est que vous n’êtes pas assez près.» Klein l’Américain a braqué son appareil au plus près de ses sujets et dirigé la rue comme un chef de meute. Il a inventé un art de l’uppercut photographique, un langage radical et pugnace. Culotté, il n’avait pas froid aux yeux. Il est mort samedi à 96 ans.
Dans ses dernières années, Klein ne s’économisait pas et multipliait les expositions à Amsterdam, à Bruxelles, à Arles, à Rouen, à la galerie Polka à Paris, à Photo London où il avait reconstitué une grande fresque de ses plus célèbres clichés de mode. On l’avait rencontré pour ses 90 ans, en 2018 – en réalité ce coquin en avait 92, ,dans son appartement du Quartier latin, pour évoquer