Six mois durant, cette année, de mars à septembre, le musée Maillol, à Paris, a présenté une vaste rétrospective consacrée à Elliott Erwitt. Celle-ci ne portait aucun titre particulier, comme si le seul nom de l’artiste se suffisait à lui-même, ce qui n’était pas faux. Et elle s’ouvrait sur l’image agrandie d’un chien, tout riquiqui, l’air interrogatif, tenu en laisse à côté d’une femme portant des bottes et d’une autre paire de membres renvoyant à nouveau au monde canin (format molosse), auquel l’auteur du cliché devait une grande partie d’une renommée narquoise, plutôt que blessante, empreinte d’un flair cocasse.
Interview
Mais ce que le public parisien ignorait alors, même si rien, hélas, n’interdisait de le pressentir, compte tenu de l’âge déjà fort avancé du photographe célébré, c’est que cet accrochage (suivi d’un autre, à Lyon, actuellement à la Sucrière), serait le dernier du vivant d’Elliott Erwitt, mort mercredi 29 novembre, à 95 ans, «paisiblement chez lui, entouré de sa famille» à Manhattan, selon les termes de l’agence Magnum.
L’occasion de se souvenir que lesdits chiens – les fidèles Sammy à Canelo auxquels Erwitt vouait une affection infinie –, cachaient bien une forêt de clichés, majoritairement référencés côté noir et blanc. Mais il ne dédaignait pas la couleur pour autant, notamment quand il s’agissait d’ho