La photographie a beau ne pas être en soi une compétition, Sebastião Salgado pouvait se prévaloir d’un titre : décliné sur tous les continents en une multitude d’expositions, son projet «Genesis» est probablement à ce jour celui qui a été le plus visité au monde, devançant, comme ne manquait pas de le rappeler Polka, son galeriste parisien, le non moins illustre «Family of Man» d’Edward Steichen, grand-œuvre collectif né en 1955 au MoMA de New York, qui, dans le cadre d’une tournée internationale étalée sur sept ans avait attiré plus de dix millions de personnes.
Mais autant le photographe américain orchestrait un kaléidoscope thématisé et contemporain de l‘humanité, autant Salgado, lui, signait en nom propre une symphonie en noir et blanc, célébrant – aux antipodes de l‘Occident citadin – la nature. Insoumise et résiliente. Enigmatique et envoûtante. Souveraine et, vaille que vaille, immarcescible. «A l‘heure où la planète est en danger, j’ai décidé de photographier tout ce qui existe depuis la nuit des temps et qui nous est parvenu intact», clamait la note d’intention.
Dégaine de baroudeur et regard perçant
«Genesis» est ainsi une œuvre hors norme dont l‘histoire a couru de 2004 à 2012, à raison d’une moyenne de quatre séjours par an dans une trentaine de pays au total. «Une communion»