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Libération
Série photo d'été (5/6)

Mutations technologiques : l’homme est la machine

Le service photo de «Libération» met en avant le regard de 36 artistes contemporains autour du thème de la transformation. Aujourd’hui, l’Ukrainienne Hanne (Hanna) Zaruma explore le transhumanisme à l’heure de l’hyperconnexion.
Hanne (Hanna) Zaruma. Née en 1999. Vit et travaille en Ukraine. Série «No Name» (2021). (Hanne (Hanna) Zaruma)
par Gwénaëlle Fliti et Hanne (Hanna) Zaruma (photo)
publié le 5 août 2021 à 7h09

Voir l’homme se robotiser, «j’en suis impatiente et, à la fois, c’est une perspective qui m’effraie, admet Hanne (Hanna) Zaruma. J’aime la technologie, mais j’ai peur qu’elle me remplace», poursuit l’artiste ukrainienne de 22 ans. Sa série No Name – créée l’hiver dernier et exposée cette année lors du festival Circulation(s) – montre de manière dystopique comment le vivant pourrait ne faire qu’un avec la machine.

A travers son œuvre, la photographe présente des êtres transformés, hybrides. Humains et végétaux deviennent des périphériques. L’on y surprend un câble électronique tenter de se brancher à la pupille d’un œil composite. La langue se métamorphose en clé USB. La peau, greffée de touches digitales, fait office de télécommande. Si le revers de la main dispose d’un port de carte SD, les veines de la paume servent quant à elles de guide GPS. Les sous-vêtements possèdent un outil de reconnaissance faciale. Et les roses n’échappent pas à la mutation. Tandis que la tige révèle un cœur entremêlé de fils électriques, le pistil revêt les traits d’un câble qui se fraie un chemin vers la narine pour s’y connecter. S’emparant d’une technologie rétro et désuète, Hanne (Hanna) Zaruma se met en scène. Comme un puzzle, son visage s’affiche morcelé sur les écrans de téléphones portables et autres appareils numériques ayant traversé des générations avant la sienne et ayant stocké, en leur sein, d’innombrables souvenirs.

L’œuvre de la photographe traduit-elle l’impact des nouvelles technologies sur nos identités et notre quotidien ? L’artiste ne se prononce pas, laissant intentionnellement ses images orphelines de titre et d’analyse personnelle pour laisser au public sa liberté d’interpréter. Hanne (Hanna) Zaruma est toutefois sûre d’une chose : «D’aussi loin que je me souvienne, le transhumanisme m’a toujours fascinée et je rêve de contribuer aux découvertes en la matière.» Figurera-t-elle parmi les pionnières dans le domaine ? L’avenir le dira.