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Expo

Nobuyoshi Araki, à vue deuil

La Bourse de commerce expose 101 photos du maître japonais l’unissant dans la perte avec son illustre homologue américain Robert Frank.
Les photos de la série datent du début des années 90. (Nobuyoshi Araki/Taka lshii Gallery)
publié le 16 janvier 2022 à 7h41

Du magnifié – et beaucoup montré – Nobuyoshi Araki, on imaginait (présomptueusement ?) connaître, sinon tout, du moins l’essentiel. Or, ça n’est pas le Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank qui défrichera de nouvelles pistes. Exposée à la Bourse de commerce, la série en noir et blanc comprend 101 images au format identique qui, telles que conçues au début des années 90, unissent dans le deuil le célèbre photographe japonais de 81 ans et son non moins illustre homologue américain, le premier venant de perdre sa femme, morte d’un cancer, et le second, son fils, après sa fille. Délibérément avare en indications – ce qui laisse au commissaire, Matthieu Humery, tout loisir de broder – Araki alterne les fameux nus féminins souvent dûment saucissonnés au format bondage (kinbaku, en V.O.), aussi explicite que froid, et des scènes de rue où l’atmosphère tokyoïte se pare de tonalités moroses. Jusqu’à conférer à l’ensemble, devant lequel on est prié de s’incliner, une pointe d’ennui poli dont nul ne pourra garantir qu’il soit formellement prémédité.

Shi Nikki (Private Diary) for Robert Frank de Nobuyoshi Araki, à la Bourse de commerce (75001), jusqu’au 14 mars.