Le photographe a ceci en commun avec les plantes : il dépend directement de la lumière. Cela crée une connivence voire une complicité que l’on pourrait prendre au sens étymologique du terme : le partage d’un même pli, palpable dans certains des plus beaux projets vus à Arles cette année. Ils portent sur des territoires naturels menacés et ont en commun d’interroger à travers eux leur médium, pour inventer une nouvelle narration, un nouveau langage, privilégiant le temps long et les liens invisibles.
Avec «la Terre où est né le soleil» Julien Lombardi (Croisière) s’intéresse à la terre des mythes fondateurs pour les Indiens Huichols, qui y viennent en pèlerinage afin d’honorer la naissance du soleil et du feu. En retournant pendant plusieurs années dans cette vallée du centre du Mexique menacée par les industries minières, agricoles et touristiques, Lombardi s’éloigne peu à peu de la prise de vue documentaire pour tenter de capter le mystère à l’œuvre. Teintant l’ordinaire d’une étrange inquiétude il retravaille les photos de Google Street View, joue avec les codes de l’expédition scientifique en scannant sur place des éléments du territoire (sans les en extraire) et invite le soleil et les astres à venir contaminer ses images qui basculent dans un réalisme fantastique poétique et puissant.
Rapport primordial à la terre
La série «les Gardiens de l’eau» (Jardin d’été) de Bruno Serralongue documente la lutte des Sioux dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis, contre l’installation d’un pipeline sous le f