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Art sacré

Rencontres d’Arles: «Le Point aveugle», de drap divin

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Les Rencontres d'Arles 2024dossier
Jacqueline Salmon propose une fascinante réflexion sur la représentation du périzonium, lingue qui protège la nudité du Christ sur la croix, dans l’histoire de l’art.
Représentations du périzonium chez Raphaël. (Jacqueline Salmon)
publié le 9 juillet 2022 à 1h00

Sans doute fallait-il une photographe pour enquêter sur ce point aveugle de l’histoire de l’art. Car bien qu’il soit de toutes les représentations de la Passion, le périzonium, cette étoffe qui ceint les reins du Christ et sert notamment à cacher sa nudité sur la croix, reste un impensé de la recherche iconographique. Tout débute avec une carte postale retrouvée par hasard : la Descente de croix de Rogier van der Weyden, exposée au musée du Prado à Madrid. D’abord intéressée par son drapé singulier pour une grande exposition sur ce thème qui s’est tenue en 2020 au Musée des Beaux-Arts de Lyon, Jacqueline Salmon se prend de passion pour le sujet. Des Flandres à l’Espagne du Siècle d’or en passant bien sûr par l’Italie de la Renaissance ou l’Allemagne gothique, elle collecte et classe des centaines d’images de périzoniums, composant in fine de nombreux carnets d’étude – matrice de toute sa recherche. Puis, pendant plusieurs années, dans les musées, les galeries ou chez des antiquaires, elle parcourt l’Europe pour des prises de vue resserrées de dessins, sculptures et surtout peintures. La photographe et plasticienne en dégage des typologies par style, recoupant plus ou moins la chronologie. Car en matière de périzonium, aussi, il y eut des modes – traduisant d’ardents débats théologiques. Long ou court, immaculé ou taché de sang, amidonné ou virevoltant, transparent, bouffant, entrouvert, gonflé, noué ou réduit à son plus simple appareil – en italien, string se dit p