Rien ne va plus. Les digues ont sauté. Avec un cerveau douché par une vague politique noire, la peau labourée par des moustiques assoiffés d’hémoglobine et des corps fouettés par le mistral, Libé a parcouru les 55e Rencontres de la photographie en apnée, dans un sous-marin à la dérive. Le festival promettait de nous plonger «Sous la surface». En grattant la fine pellicule des apparences, nous voilà immergés dans une dimension où vampires, fantômes, militaires absurdes, scientifiques mabouls, écrans vivants et objets surréalistes s’en donnent à cœur joie. Quelle mouche a piqué les images pour qu’elles soient aussi folles jusqu’à atteindre le stade du what the fuck total ?
Bousculés, les repères traditionnels n’ont plus lieu d’être, la surface est poreuse entre l’histoire et l’imaginaire, le vrai et le faux, les hommes et les machines, les humains et les goules. A l’heure où le documentaire et le photojournalisme perdent du terrain, factice et fiction permettent de regarder de biais un monde absurde et violent. Sorte d’Alice(s) au pays des chimères, Vimala Pons et Nhu Xuan Hua ont par exemple imaginé un panthéon féminin dans une installation à mi-chemin entre performance et photographie. «Just trying to see how far this rabbit hole leads» («J’essaye juste de voir jusqu’où va ce terrier de lapin»), dit un personnage de leur expo extraterrestre.
Ailleurs aussi, le monde s’est dédoublé : la photo d’archive militaire mute en défilé de mode grotesque (Fashion