Toute ressemblance avec une série télé cheesy ayant connu dans les années 80-90 un succès planétaire n’a bien sûr rien de fortuit. C’est précisément à partir de Santa Barbara, soap archétypal (aux 2 137 épisodes !), que la mère de l’artiste-photographe Diana Markosian construira, non pas un château en Espagne, mais une vie en Californie. «Je me sentais trahie par mon pays et par mon mari», se justifie ainsi, a posteriori, cette dernière, afin d’expliquer les raisons qui vont l’inciter à monter dans un avion avec ses deux enfants sous le bras en 1996, sans se retourner sur ce monde qui s’effondre derrière elle : torpillée par une économie exsangue, l’Union soviétique part à vau-l’eau et la vie à Moscou, où s’est établi le clan d’origine arménienne, est devenue un calvaire.
Par ailleurs trompée par son conjoint, la jeune mère, décide de partir sous le soleil de la côte Ouest. Où, histoire de préparer le terrain, elle avait noué une relation épistolaire avec un inconnu américain lui promettant monts et merveilles, façon courrier du cœur à l’ancienne : «J’ai bien réussi dans la vie, mais sans trouver l’âme sœur. Sauras-tu devenir la bonne personne ?» Signé Eli. Mais, dès l’atterrissage, le conte de fées valdingue lorsque l’expatriée, docteure en économie encore pimpante, découvre ce sexagénaire fourbu au visage marqué venu l’accueillir à l’aéroport de Los Angeles. Ainsi recomposé, le ménage tiendra néanmoins huit années, sans heurts apparents,