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Exposition

Thandiwe Muriu au musée de l’Homme : étoffe de soi

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Mise à l’honneur dans le cadre de l’exposition «WAX» au musée de l’Homme, la photographe kényane détaille les leitmotivs de son œuvre entre revendication de son identité et célébration féministe.
«Treasures of Delight» (2024). (Thandiwe Muriu)
publié le 22 mars 2025 à 11h29

«Si tu te crois trop minuscule pour changer les choses, essaie un peu de passer la nuit avec un moustique.» Ce proverbe kényan, formulé à l’origine en swahili, fait partie de ceux qui animent la photographe Thandiwe Muriu. Née à Nairobi en 1990, l’artiste fait mouche avec sa série «Camo» («camouflage» en français) dont chacune des photographies mêle «jeu» et «je». Le «jeu» ? Une large étoffe de wax ou de kanga, aux couleurs explosives, et d’où surgit le visage d’une femme au teint parfois très noir, aux lèvres lourdement fardées, et, qui arbore une paire de lunettes confectionnées à partir d’objets du quotidien. Le modèle, frontal et à l’air neutre, loin d’être engoncé dans le tissu, apparaît majestueux, vaillant, presque héroïque. Camouflage et illusion d’optique. C’est que l’étoffe avec laquelle elle fait corps semble se mouvoir, effet d’ailleurs recherché. «Avant même que je me tourne vers le wax, la couleur, qui est une forme de langage dans ma culture, a été au cœur de mon travail», explique la photographe, rencontrée mi-mars à Paris, dans les locaux de la 193 Gallery, qui la représente en France. Solaire et armée d’intimes convictions, elle évoque aussi son attachement aux motifs qui empêchent le spectateur de détourner le regard.

Le «je» ? C’est la photographe d’ethnie kikuyu qui convoque sa culture kényane,