Implacable caisse de résonance des affres planétaires, le festival Visa pour l’image sonne rituellement la fin de la récréation estivale. A l’heure de sa 34e édition, le rendez-vous catalan dédié au photojournalisme accorde fatalement une place majeure à la couverture de la guerre en Ukraine, avec pas moins de cinq expositions, judicieusement complémentaires. A cette occasion, Libération a réuni autour d’une même table quatre photographes, les jeunes Ukrainiens Mstyslav Chernov et Evgeniy Maloletka (qui, en binôme, ont sillonné pour l’agence Associated Press la ville martyre de Marioupol), l’Australien Daniel Berehulak (dépêché par le New York Times sur le carnage de Boutcha), et la Franco-Russe Elena Chernyshova qui, bravant l’oukase moscovite, a suivi aussi bien les élans pacifistes réprimés, que l’endoctrinement instauré pour contrôler l’opinion.
Comment concevez-vous votre rôle sur le terrain ?
Evgeniy Maloletka : En espérant que nos photos aient un impact considérable, quitte à ce que celui-ci ne transparaisse, y compris pour nous, que des semaines ou des mois plus tard. Toutes les personnes présentes sur le terrain ont h