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Libération
Mauvaises graines (6/7)

Un été en photo: Klaus Pichler, bataille orangée

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Chaque samedi, le service photo de «Libé» met en lumière le travail d’un artiste. Cette semaine, l’Autrichien Klaus Pichler enquête sur la mystérieuse disparition des pétunias oranges.
(Klaus Pichler/Anzenberger)
publié le 20 août 2022 à 12h44

«Incroyable ! Des pétunias orange !» pense le ­biologiste Teemu Teeri en 2015, devant un parterre de fleurs de la gare de Helsinki. Puis il se souvient : «Dans les années 80, une équipe de scientifiques allemands a introduit un gène de maïs dans l’ADN de cette fleur pour modifier sa couleur.» Pour vérifier qu’il s’agit d’une plante modifiée, le biologiste rapporte un spécimen à son laboratoire. Résultat : la plante est bien transgénique. Pourtant, étant donné le contexte de panique autour du mot «transgénique», le biologiste pensait que le brevet n’avait pas été vendu et que la plante n’avait jamais été commercialisée. Trop bavard, Teemu Teeri finit par rendre l’histoire publique. Les juridictions européennes et américaines s’y intéressent et sanctionnent. Tous les pétunias orange sont liquidés.

En 2017, le photographe autrichien Klaus Pichler découvre cette affaire dans la presse. «Incroyable ! se dit-il lui aussi. Cette histoire est un vrai scénario de film.» Il planche alors sur un story-board basé sur la chronologie des événements auxquels il compte faire correspondre des photos. «J’ai voulu faire un documentaire inversé : c’est-à-dire que l’histoire est vraie, mais pas nécessairement les photographies.» Méticuleux, il se documente, interviewe Teemu Teeri, rencontre des scientifiques de Vienne et des journalistes. En 2020, le travail commence. Pas de chance, le Covid l’interrompt. L’artiste se débrouille entre son studio et son appartement. 90