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Visa pour l’image 2024, liberté d’impression

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A Perpignan, la 36e édition du festival international du photojournalisme nous a offert une polémique avec la mairie RN, un panorama de la photographie en terrain de guerre, et deux belles vitrines sur les propositions à part du Néerlandais Ad Van Denderen et de l’Américaine Brenda Ann Kenneally.
Sharavia et son fils âgé d’un mois, Cashmere. Amsterdam, Etat de New York, avril 2020. (Brenda Ann Kenneally)
publié le 6 septembre 2024 à 15h24

Deux femmes qui se croisent, rue Rabelais, à Perpignan. La première, dépliant du festival Visa pour l’image en main : «Là, je viens de voir “les Italiens”, puis “les drogués”. Maintenant, je me dirige vers Gaza.» «Ah, vous êtes sûre ?» s’enquiert la seconde. «Oui, pourquoi ?» «Non, rien, mais je vous souhaite bon courage.»

«Les Italiens» font référence à l’exposition «la Ville invisible» de Paolo Manzo, qui, dans un noir et blanc estompant la dimension contemporaine de son immersion, a sillonné une Naples populacière où, entre crime organisé et système D, la violence du quotidien contredit notablement les clichés romantiques des palazzos et couchers de soleil sur la baie. «Les drogués», eux, renvoient au reportage du Belge Gaël Turine dans les rues de Philadelphie. Plus précisément dans le quartier de Kensington, où une procession hagarde de SDF, que plus rien ne rattache à la vie, se défoncent à la «tranq». Une drogue de synthèse aussi bon marché que dévastatrice (en réalité, un sédatif utilisé sur les animaux, mélangé à de puissants opioïdes), que les autorités sanitaires décrivent comme étant «la plus dangereuse jamais mise sur le marché».

Quant au Gaza susmentionné, c’est ce champ de ruines parsemé des corps désarticulés d’enfants, morts sous les bombes de l’armée israélienne. Une plongée dans les tréfonds de l’abomination qui a valu à son auteur, le jeune Palestinien commissionné par le Washington Post Loay Ayyoub, une récompense