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Expo photo

«Voir le temps en couleurs» : au Centre Pompidou-Metz, figer l’instant qui passe

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Avec Sam Stourdzé aux commandes, le musée aborde l’histoire de la photographie par le prisme du temps que l’on arrête, et fait dialoguer des artistes pionniers et contemporains.
«Milk Drop Coronet» d'Harold Edgerton, 1957. (Coll. Kayafas. MIT. Palm Press)
publié le 23 juillet 2024 à 6h49

Aux scrogneugneux qui râleraient dès la première salle «mais ce n’est pas de la couleur, c’est du noir et blanc», le commissaire, Sam Stourdzé, directeur de la Villa Médicis, précise son titre avec patience : «Seul un chapitre de l’exposition est effectivement en couleur. Il faut plutôt comprendre le parcours en trois défis. D’abord celui de voir le réel grâce à la photographie. Ensuite vient l’idée de la décomposition du temps. Et enfin, à partir des années 70, arrive la conquête de la couleur pour les photographes.» Alors vous l’aurez compris, le fil rouge de «Voir le temps en couleurs» est globalement chronologique. Il est philosophique aussi puisqu’il commence par d’étonnantes reproductions de la Joconde par Gustave Le Gray en 1854 – pas la vraie Joconde ,mais un dessin du sculpteur Aimé Millet – et se termine avec des vanités de Gerhard Richter, des «photos-peintures» ultraréalistes : un crâne, une bougie, une fleur. En forme de boucle que l’on boucle – photographier la peinture et peindre la photographie –, l’expo interroge le médium avec cette éternelle question : qu’est-ce donc que la photo, de l’art ou une imitation ?

«Le photographe est un peintre comme un autre», dit un cartel. Bascule au XIXe siècle, cette nouvelle technique de reproduction du monde accompagne alors l’exploration des pays reculés, des cimes, de l’espace, de l’infiniment petit, de l’instant, et donne naissance à des clichés que l’on regarde aujourd’hui comme des œuvres, voire p