Le moment de bravoure de la pièce Flagranti («Flagrant délit» en dialecte tunisien) est ce baiser fougueux, long et… pénalement répréhensible, car entre deux hommes. En Tunisie, l’homosexualité est punie de trois ans de prison, et son éloge est passible de six mois de prison. «Nous savons que nous prenons un risque, mais le théâtre peut changer les choses», assume Essia Jaïbi, metteuse en scène de la première pièce de théâtre queer en Tunisie. Depuis la révolution de 2011, la question des libertés sexuelles est entrée dans le débat public. Le drapeau arc-en-ciel a même été de sortie dans la rue, lors d’une manifestation contre les répressions policières en mars 2021, preuve d’une certaine visibilité. La majorité des Tunisiens répugnent cependant à s’écarter du modèle traditionnel : homme, femme, mariage. Les lois, elles, restent à la traîne, à l’image de l’article 230 du code pénal, hérité de la colonisation française, qui criminalise la sodomie. Mais, depuis 2011, plusieurs associations défendent officiellement les droits des LGTB+, dont Mawjoudin We Exist, à l’origine du projet Flagranti.
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Barbaries institutionnalisées
Pendant une heure quarante-cinq, la pièce décortique la machine infernale policière, médicale et carcérale qui broie six amis au nom des bonnes mœurs. 22 janvier 2022, confinement : Adam, médecin ; Malek, architecte ; Bakhta, militan