C’est donc juste un nom éclipsé sur la photo de couverture du catalogue de l’exposition Viva Varda. Le nom de Jacques Demy, qui figure sur le cliché original pris par Jeffrey Blankfort vers 1969 à Los Angeles, au dos d’un siège pliant orange comme en ont ou en avaient parfois les cinéastes fameux sur leurs tournages. Agnès Varda n’a pas encore quarante ans, elle est assise, de dos, en tunique indienne mauve assortie à ses collants et mocassins vernis à boucle dans un jardin. Elle se tourne vers l’objectif, surprise, avec une expression amusée, et peut-être une pointe d’impatience dans le regard. Sans le nom de Demy, la composition de la photo est un peu déséquilibrée, le dos du siège paraît bizarrement large, sa présence au centre attrape le regard, il prend autant de place que le modèle. La retouche saute d’autant plus aux yeux que la photo de Jeffrey Blankfort fait également partie de l’un des cahiers iconographiques du (bel) essai biographique par Laure Adler qui paraît simultanément chez Gallimard.
On comprend bien ce qui a pu conduire une dizaine de responsables à effacer le nom de Demy qui fait pourtant le sel et l’humour de l’image : ne pas réduire Varda à son couple avec l’auteur des Demoiselles de Rochefort dans un ouvrage de référence consacrée à la cinéaste. Jointe au téléphone, Rosalie Varda nous le confirme : «La Cinémathèque et La Martinière voulaient cette photo et je ne pouvais pas accepter de réduire Agnès à Jacques en laissant son nom sur le