Menu
Libération
Critique

«Presence», de Steven Soderbegh : fantôme sweet home

Article réservé aux abonnés
Le thriller du réalisateur américain, où la caméra incarne un personnage invisible, montre une famille qui emménage dans une maison hantée par une présence mystérieuse. La nôtre ?
Chloe (Callina Liang). (Photo by Peter Andrews/Dulac Distribution)
publié le 4 février 2025 à 18h03

L’ouverture de Presence, le plan où se révèle son truc, où s’expose son principe, sa ruse, fait tant d’effet qu’on suivra ensuite le film jusqu’au bout, où qu’il aille, même n’importe où. Elle le fait aussi entrer directement dans l’histoire de son médium, à citer en exemple dans les cours de cinéma du monde entier. Dans une maison inhabitée, la caméra flotte en parcourant rapidement les pièces vides, passant des chambres de l’étage au salon et à la cuisine au rez-de-chaussée, comme si elle nous décrivait l’ensemble de la demeure. Mais le plan refait plusieurs fois le trajet à travers la maison, en suivant un schéma à la fois erratique et répétitif, passant à toute vitesse dans l’espace, volant dans l’escalier, et finit par aller se terrer, alors que le jour décline, dans le placard d’une chambre déserte. Le point de vue semble s’y réfugier, dans l’attente de quelque chose. On sent une présence, mais cette présence n’est rien d’autre que ce qui regarde et écoute, le dispositif à travers quoi nous percevons. Elle n’est rien d’autre que le film – rien d’autre que nous qui le voyons.

Quand au matin une agente immobilière entre, l’air pas en avance, accueillir la famille qui arrive pour visiter l’endroit, la caméra sort de sa cachette et descend tourner autour de ceux qui font intrusion dans son espace, observant leurs faits et gestes alors qu’ils décident de signer le bail, insensibles au point de vue inquiétant qui les scrute. Et elle se comportera, jusqu’à la fin du fil