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Quand les taupes passaient à l’Attac : «Une bonne histoire» d’espionnage, dans le Off d’Avignon

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La pièce d’Adina Secrétan revient sur une affaire d’infiltration menée par Nestlé en 2003 dans les milieux altermondialistes. Sur scène, deux comédiennes en explorent les conséquences pour les militantes abusées.
Répétitions de «Une bonne histoire» au Studio de La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, le 7 juillet. (Pascal Gely/Pascal Gely)
publié le 15 juillet 2024 à 12h45

«Il faut que je vous dise : Sara Melan n’existe pas.» Pour ceux qui la reçoivent, des militants de l’organisation altermondialiste Attac, la phrase est un choc. Et c’est l’onde de ce choc que raconte la pièce d’Adina Secrétan : comment elle se diffuse, comment elle s’infiltre en soi plus profondément qu’on ne s’y attendait.

Sara Melan avait rejoint un groupe d’activistes d’Attac pour contribuer à un livre collectif sur Nestlé. L’ouvrage avait vocation à compiler des informations sur les pratiques et l’histoire de la multinationale suisse : Nestlé et les OGM, les rapports de certains de ses dirigeants avec Pinochet, etc. Sara Melan était très discrète et certaines militantes féministes l’avaient prise sous leur aile, lui donnant quelques conseils d’empowerment… Elles découvrent quelques années plus tard, grâce à une enquête parue dans la presse, que la jeune femme était en réalité payée par Nestlé et l’entreprise de sécurité Securitas pour infiltrer leur groupe d’activistes. Et qu’elle n’est pas la seule : au même moment un groupe «anti-rép» (anti-répression policière) a lui aussi été infiltré par une autre femme envoyée par Nestlé et Securitas, sous le faux nom de «Shanti».

Une bonne histoire, en somme. Une histoire vraie, aussi, qui a donné lieu à un procès en Suisse. Nestlé et Securitas ont été condamnées en 2013 par le tribunal civil de Lausanne pour espionnage (la justice pénale, elle, avait rendu un non-lieu). Pendant une heure, sur scène, deux comédi