Quitter la nuit s’ouvre sur une apnée. Dans une voiture qui traverse la campagne belge, la nuit, un couple uniquement saisi de dos, depuis la plage arrière. Elle est au téléphone. On ne voit que sa nuque raide, ses mains crispées frottées anxieusement contre son jean. A l’autre bout du fil, le 112. Aly est retenue de force mais ne peut rien dire frontalement. L’homme est à ses côtés, il grogne, s’empresse, s’énerve, exige de parler à cette prétendue sœur qui serait à l’autre bout du combiné. Elle louvoie. La situation pourrait virer au cauchemar, elle se résout quand la police intercepte le véhicule.
Matin blême d’un an et demi
C’est dans ce moment de soulagement qui ne parvient à en être un que le film de Delphine Girard débute. Le quasi-huis clos introductif rejoue à l’identique son court métrage Une sœur, qui s’était frayé un chemin jusqu’aux oscars en 2020. Quitter la nuit imagine l’après. Au poste, d’abord. Aly explique qu’ils se sont rencontrés en soirée, qu’ils ont bu, se sont éclipsés pour s’offrir un peu d’intimité. Mais que le trajet en voiture s’est éternisé, que Dary s’est énervé et l’a violée. Il conteste, dit que le rapport était consenti. Elle n’a pas de preuve, mais comment pourrait-elle en avoir ? Au petit matin, chacun rentre chez soi, gris comme la journée qui s’annonce. Le procès n’aura pas lieu avant dix-huit mois. C’est parole contre parole. Quitter la nuit mais pour entrer dans un matin blême d’un an et demi. Illustration d’un temps judiciaire déconnect