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Libération
A la caisse

Rachida Dati suggère de faire payer aux touristes 5 euros l’entrée à Notre-Dame de Paris pour financer le patrimoine religieux

L'incendie de Notre-Dame de Parisdossier
Dans un entretien au «Figaro», elle propose de faire payer aux visiteurs l’entrée dans la cathédrale parisienne, ce à quoi s’est opposé le diocèse de Paris ce jeudi 24 octobre. La ministre de la Culture suggère aussi une augmentation des tarifs dans les musées et monuments nationaux français pour les étrangers hors UE.
«Avec 5 euros par visiteur, on récolterait 75 millions d’euros par an», assure la ministre de la culture, Rachida Dati. (Thibaud Moritz/AFP)
publié le 24 octobre 2024 à 8h51
(mis à jour le 24 octobre 2024 à 16h24)

Cinq euros par personne à l’entrée de Notre-Dame pour sauver les églises de France. Voilà la proposition de la ministre de la Culture, Rachida Dati, dans un entretien au Figaro publié mercredi 23 octobre. «Partout en Europe, l’accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant», souligne la ministre, qui a «proposé à l’archevêque de Paris une idée simple : mettre en place un tarif symbolique pour toutes les visites touristiques de Notre-Dame et consacrer totalement cet argent à un grand plan de sauvegarde du patrimoine religieux».

L’idée n’est pas vraiment du goût du diocèse de Paris. Dans un communiqué publié ce jeudi après-midi, il martèle le principe de «gratuité du droit d’entrée dans les églises» et refuse «toute séparation matérielle» entre pèlerins et visiteurs. Il rappelle d’ailleurs la «mission fondamentale» de ces édifices : «Accueillir de façon inconditionnelle et donc nécessairement gratuite tout homme et toute femme.»

La cathédrale doit rouvrir le 7 décembre, après cinq ans d’une reconstruction colossale à la suite de l’incendie qui l’a ravagée en 2019. «Avec 5 euros seulement par visiteur, on récolterait 75 millions d’euros par an. Ainsi, Notre-Dame de Paris sauverait toutes les églises de Paris et de France. Ce serait un magnifique symbole», appuie Rachida Dati. «Notre-Dame a réveillé notre attention pour le patrimoine religieux, qui appartient à tous les Français, quelle que soit leur confession», et qui se dégrade, selon elle. «D’autres voix peuvent être explorées que celle qui consiste à taxer les visiteurs […] pour un prix qui n’a rien d’anecdotique», rétorque le diocèse.

Le ministre de l’Intérieur, également en charge des cultes, Bruno Retailleau, a de son côté apporté son «soutien» à la proposition de son homologue à la Culture, lors de son intervention à la matinale de France Inter ce jeudi. Il s’est appuyé sur l’exemple de l’Espagne, où il se souvient «avoir visité la Sagrada Família [où] on paye». Le ministre a ajouté juger cette mesure utile «si ça doit, pour 5 euros, sauver un patrimoine religieux auquel on peut être attaché, que l’on croie au ciel ou qu’on n’y croie pas», car c’est «tout simplement le paysage français».

L’entrée au Louvre plus chère pour les Chinois ou les Brésiliens

Auprès du Figaro, la ministre de la Culture se prononce également pour moduler la tarification de monuments ou musées nationaux en fonction de la provenance de leurs visiteurs, à partir de 2026. «Est-il par exemple normal qu’un visiteur français paie son entrée au Louvre le même prix qu’un visiteur brésilien ou chinois ?» demande-t-elle. Rachida Dati «souhaite que les visiteurs hors UE paient davantage leur billet d’entrée et que ce supplément aille financer la rénovation du patrimoine national». «Les Français n’ont pas vocation à payer tout, tout seuls» et ce serait «une vraie rupture dans la politique tarifaire de nos établissements culturels», relève-t-elle.

Le musée du Louvre a reçu en 2023 un total de 8,9 millions de visiteurs (+ 14 % par rapport à 2022). 68 % étaient des touristes étrangers et 32 % des visiteurs français. Début 2024, l’entrée dans le plus grand musée du monde est passée à 22 euros, après être restée à 17 euros pendant plusieurs années.

Mise à jour : à 16h15, avec la réaction du diocèse de Paris.